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DNews 23 – Tashidelek

samedi 10 novembre 2007 – ou 2064 selon le calendrier népalais

 

Kathmandu, capitale du Népal.

Une petite maison dans un quartier neuf.

 

Alors alors, le camp de base de l’Everest ?

D.1 : L’Everest oui, mais le camp de base…

 

Comment ça ?

D.2 : Bah l’Everest on l’a bien vu – on peut pas trop le louper non plus, costaud comme il est…

D.1 : … mais on a pas pu/voulu aller au camp de base.

D.2 : Résultat frustrant mais logique.

 

Non ?

D.2 : Si. D’abord, pour accéder au camp de base il faut un permis spécial. Et cher. Comme on avait déjà pas le permis de voyager au Tibet – 2 mois qu’on roulait illégalement – on hésitait à attirer l’attention sur nous en achetant une nouvelle autorisation qui aurait mis en évidence qu’il en manquait déjà une, tu vois ?

 

Mmmmouais…

D.1 : Et puis la fatigue physique et la fatigue du matériel ça nous a fait réviser à la baisse nos aspirations. Les derniers jours dans le Khumbu Himal on cassait la chaîne toutes les 24 heures. Pas très rassurant de se voir monter 100 kilomètres de piste assez mauvaise jusqu’au camp de base à 5000 avec la chaîne qui saute.

 

Il lui a pris quoi à la chaîne ?

D.2 : 6000 kilomètres, voilà ce qu’elle a notre chaîne. Et quelques cols complètement déraisonnables – pas vrai D.1 ?

D.1 : Après Lhasa on a voulu fuir la route principale, prendre par le sud, longer des lacs d’altitude… là nous attendait le pire col du parcours. Moins de 25 kilomètres pour monter 1100 mètres, de 3700 à 4800. Face au vent. Bien sûr. Punaise ce qu’on en a bavé ! A la fin fallait que je m’arrête tous les 200 mètres, sans savoir – à cause de l’altitude et de la raréfaction de l’oxygène – si c’était le souffle ou les jambes le problème.

D.2 : Moralité la chaîne elle s’est ouverte dans une montée, a entraîné le dérailleur arrière qui s’est plié sous la puissance inégalable de notre pédalage (sic !) et après une réparation de fortune on est reparti mais depuis la chaîne fait la grise mine et s’ouvre tous les jours…

D.1 : Donc tous ces paramètres additionnés – plus l’hiver tibétain, encore des nuits à -15°, le soleil pas là avant 10 heures et la température pas supportable avant midi… D.2 qui pète les plombs pasqu’il a les mains et les pieds gelés sur le vélo et se met à briser des pierres sur le bord de la route, blablabla… on a dit, l’Everest on le voit très bien d’en bas (un « en bas » à  4300 mètres) tant pis pour le camp de base.

D.2 : Le camp de base, ses moines/businessmen, ses militaires en armes, ses flics… Mais on avait bel et bien rendez-vous avec l’Everest.

 

Impressions ?

D.2 : Magique. Pour un amoureux de la montagne, réaliser au détour d’un virage que la masse blanche gigantesque à l’horizon, comme un trait d’union entre ciel et terre, qui semble occuper tout l’espace et défier les lois de la perspective, c’est le Mont Everest, c’est un grand moment. Lorsqu’on l’a vu pour la première fois il devait être à 200 kilomètres à vol d’oiseau et pourtant sa présence était telle qu’on l’aurait cru au bout de la route. Le Khumbu Himal, c’est quelque chose : une frange de sommets à plus de 8000 mètres alignés d’est en ouest, le long de la frontière népalo-tibétaine. Tu te sens tout tout (tout) petit. Dans les Alpes les gens se rient parfois de mes origines normandes – le plat pays tu vois ? Mais ici, les altitudes et les distances sont telles que les Alpes à côté c’est des collines. Enfin bref… c’était comme rencontrer une idole, un personnage mythique – trônant dans le décor du sud tibétain, des hauts plateaux désertiques battus par les vents, les roches rouges, jaunes, ocres, vraiment un spectacle hors catégorie.

 

Et du coup, avec les avaries techniques, vous avez filé droit vers la frontière ?

D.1 : Droit… on a bienheureusement croisé la route d’escargots noirs.

 

Hein ?

D.1 : J’m’explique. A l’occasion d’une crevaison (pour la forme) un motard Australien s’est arrêté proposer son aide. Bon on venait de finir de réparer alors on a dit non, mais on a eu le temps d’échanger 3 mots. Le bonhomme en question faisait partie d’un groupe appelé les « Escargots Noirs » qui ralliait Lhasa à Katmandu en moto. Bref. On repart… et le soir on se dégote un bivouac avec vue sur l’Everest.

D.2 : Et là la situation bascule dans le surréaliste. Un camion tibétain s’arrête et le chauffeur en descend pour me tendre un téléphone portable en faisant des gestes comme pour dire « un appel pour vous monsieur Artero ». Je sais pas si tu peux te représenter la scène. Paumés quelque part dans le sud Tibet, en train d’admirer avec dévotion la montagne la plus haute du monde, on s’apprêtait à planter la tente quand le type a débarqué et il parle pas un mot d’anglais bien sûr. J’ai dit à Delfe « on nage dans le fantastique là ».

D.1 : Bref, Damien finit par prendre le téléphone avec hésitation…

D.2 : … et j’entends une voix avec un fort accent australien qui me dit « Avec tous vos problèmes mécaniques j’ai pensé que vous seriez preneur d’une place dans notre camion ».

D.1 : Le soir même on était attablé avec toute la bande de motards australiens dans un hôtel, ambiance « Joe Bar Team » et bonne bouffe. Du coup on est resté avec eux jusqu’à Katmandu – passage de la frontière et d’un double col à plus de 5000 mètres.

D.2 : Mais l’honneur est sauf – le plus haut col sur notre route, à 5245 mètres, on l’a grimpé à la force du mollet (c’était avant les Escargot Noirs).

D.1 : Et puis ça valait le coup, ils sont vraiment super sympas et généreux. C’était bon aussi de se retrouver intégré socialement, dans une équipe, de parler avec des gens qui savent ce que tu veux dire, qui te comprennent. Et quand on a vu l’état de la piste qui passe la frontière, on était bien content d’être dans le 4×4.

D.2 : On garde un très chouette souvenir de cette petite semaine entre escargots, qui nous a épargné des jours de piste en chantier pour sortir du Tibet.

 

Et maintenant ?

D.2 : Dodo. On se repose – je dors comme une marmotte.

D.1 : (et il bouffe comme un ours) On reste à Katmandu. On fait connaissance avec les Népalais.

D.2 : (pas fâché d’être débarrassé de ces gros bourrins de Chinois moi…)

D.1 : On s’organise avec l’ONG pour laquelle on doit faire du volontariat.

D.2 : On a aussi beaucoup de réparation/maintenance à faire sur le tandem.

D.1 : Pour moi c’est le début de la partie motivante du voyage, je veux dire les destinations qui m’intéressent le plus – Népal, Inde, Pakistan et Moyen Orient.

D.2 : Et pour les aventures népalaises des 2 Ds faudra attendre les prochaines D.News !

 

 

Chomolangma – Mont Everest

 

 

D.Chiffres

Rappel : 1 € = 10 yens

150 yens = une chambre de bonne sans eau ni chauffage (sic !) à Tingri au pied de l’Everest

40 yens = une chambre de bonne sans eau ni chauffage (sic !) à Dingri au pied de l’Everest – faut suivre (et bien choisir son endroit)

1 patte de dérailleur arrachée par la chaîne dont 1 maillon a finalement succombé au Tibet

25 Km pour monter 1100 mètres = le col le plus dur de cette traversée du Tibet…

5045 mètres = l’altitude du col « Karo », le 3ème au dessus de 5000 pour Planète.D

50 yens = la visite du monastère de Gyantse

3 nouveaux sponsors (hey hey) = Primus (réchauds), Black Diamond (lampes frontales et gants), Helsport (tentes)

2 heures 45 = le décalage horaire entre le Tibet et le Népal (cherche pas)

20 $ = une journée de rafting autour de Kathmandu – on vous dit pas l’état des rivières hein pasque hein nous on y laverait pas même notre mouchoir…

 

 

Messages à caractère informatif

 

 

Morceaux choisis

 

« Je vous offre ma tablette de chocolat Côte d’Or, c’était censé être mon cadeau d’anniversaire dans 3 jours, mais vous la méritez tellement plus ! C’est de bon cœur ! »

– Daniel, touriste français partageur dans le pire col qu’on ait grimpé au Tibet

 

« J’en ai une autre tablette de Côte d’Or, vous êtes trop mignons, je vous la donne aussi ! »

– Micheline, la femme de Daniel

 

« Elle est chouette la route depuis le Kashgar, y’a plein de ponts sous lesquels dormir. »

– Daniel (un autre, un Allemand), Monsieur Je-pédale-léger-j’ai-pas-de-tente

 

« Si j’arrive à télécharger un logiciel de montage qui ne bogue pas trop, est-ce que je pourrai faire un lien vers votre site suite à la publication d’une simili vidéo juste pour signaler d’ou viennent peut-être certaines idées ? »

– Didier, cyclo-vidéaste plein d’humour, notre coup de cœur de Lhasa

 

« Vous nous avez attendu ?

– Oui-oui ! dans la montée on en croyait pas nos yeux !

– Vous pouvez toucher, on est réel. »

– D.1 et un couple d’Allemands au col Langpa (5245 mètres)

 

« On suivra vos aventures sur la Planète.D ! »

– Les mêmes

 

« J’voudrais pas dormir à côté de Damien, il mange tellement que c’est un coup à se réveiller et il est en train de te grignoter la jambe ! »

– Wayne, Escargot Noir

 

« J’ai trouvé un surnom pour Damien : ‘the bottom-less pet’ ! »

[NDD2 : littéralement, « l’animal-de-compagnie-sans-fond »]

– Wayne, Escargot Noir

 

« Après la libération pacifique du Tibet par la Chine, les paysans tibétains furent affranchis du joug des moines et des seigneurs. »

– extrait de « China’s Tibet », un livre d’histoire sur le Tibet chinois écrit par des… Chinois

(NDD1 : les illustrations montraient des gens en liesse…)

 

« La vie c’est comme en vélo, si tu roules en regardant derrière, tu te casses la gueule …»

– Nikos, de l’esprit et de la pratique (et un sacré caractère…)

Initialement publié le / Originally posted on 10 novembre 2007 @ 12:15 pm

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